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Ma bataille contre la Leucémie
12 août 2014

L’arsenic pour guérir une forme rare de leucémie

 

Hugues de Thé consacre sa carrière à la recherche de traitements pour les formes rares de leucémies. En collaboration avec des équipes chinoises, il a mis au point un traitement exceptionnel à base d’arsenic…!

Tout est question de dosage…!

Tout est question de dosage…!

Tout est parti d’une intuition. Dans le laboratoire de Philippe Meyer à Necker, Hugues de Thé pense à  « utiliser la pharmacopée pour sonder les mécanismes des maladies ». En d’autres termes, utiliser des médicaments existants, des extraits de plantes ou même des poisons pour pénétrer dans les systèmes biologiques des maladies.Il poursuit alors ses recherches pendant 7 années à l’Institut Pasteur, avant d’arriver a l’hôpital Saint-Louis à Paris. Il y  rencontre Laurent Degos et Anne Dejean-Assemat avec qui il travaille sur une forme rare de leucémie qui touche une centaine de personnes par an en France : la leucémie promyélocytaire.

C’est là que l’aventure commence !

Elle débute par la découverte chinoise selon laquelle  l’acide rétinoïque (dérivé actif de la vitamine A) est capable d’induire in vivo la mort de la cellule leucémique.

Malheureusement, l’utilisation de acide réinoïque seul ne suffit pas pour traiter un patient. Dès l’arrêt du traitement, la maladie reprend. Retour ) l’hôpital Saint-Losui. Laurent Degos propose alors une association acide rétinoïque – chimiothérapie. « Cela a permis de passer à un taux de 25 à 70% de guérison » précise Hugues de Thé. Les chercheurs devinent que la sensibilité à l’acide rétinoïque doit les mener à un gène dans le déterminisme de cette maladie. C’est le travail de deux femmes qui entrent en jeu cette fois-ci : celui de Christine Chaumiel à Saint-Louis et de Anne Dejean-Assémat à Pasteur. Elles mettent en évidence dans le cas de la leucémie promyélocytaire d’un gène de fusion appelé PML/RAR, fusion entre le gène PML et le gène RAR. « Ce gène de fusion PML/RAR est vraiment le chef d’orchestre de cette maladie. C’est lui qui va transformer une cellule normale en une cellule leucémique ».

Parallèlement, en 1995, les équipes chinoises de Chen Zhu (membre associé étranger à l’Académie des sciences) démontre l’efficacité de l’arsenic qui semble cibler le gène PML/RAR. Incroyable, le poison, utilisé en faible quantité cible uniquement PML/RAR et le détruit. Les cellules saines ne sont pas touchées.
Les deux équipes françaises et chinoises démontrent ensemble que l’association de l’acide rétinoïque et de l’arsenic permet cette fois-ci de neutraliser totalement le gène PML/RAR à l’origine de la maladie, l’acide rétinoïque dégradant RAR et l’arsenic dégradant la partie PML.

Après des essais précliniques effectués sur les souris, puis des tests cliniques effectués sur l’homme et menés en Chine, le verdict semble sans appel : le traitement guérit les patients dans la quasi totalité des cas, avec un traitement ponctuel et sans chimiothérapie.
Le premier article démontrant de manière indiscutable la synergie de ces deux agents paraît en 1999. Cinq ans plus tard Chen Zhu publie les résultats de ses premiers essais cliniques. « Mais il aura fallu encore attendre 5 ans pour que la communauté médicale accepte cette idée qui n’était pas dans les modèles physiopathologiques » précise Hugues de Thé.

Si le traitement est aujourd’hui mis sur le marché en Chine et aux Etats-Unis, en Europe, des essais sont encore en cours. Cette incroyable découverte pourrait-elle s’appliquer à d’autres maladies actuellement difficiles à traiter ? « C’est une des hypothèses qui nous occupe en ce moment. Nous avons quelques pistes, mais cela restera des cancers rares ».

En attendant, l’équipe du professeur Hugues de Thé avance dans ses recherches.
Le scientifique vient de publier ses nouvelles découvertes le 12 janvier 2014 dans Nature Medecine. Là où jusqu’à présent on ignorait tout du monde d’action de la combinaison acide rétinoïque / arsenic sur les cellules cancéreuses des ces leucémies, on sait désormais que cette association improbable conduit par une série de mécanismes complexe, à la sénescence des cellules cancéreuses, les rendant incapables de se multiplier.

Si les leucémies aiguës promyélocytaires représentent une faible part des leucémies, elles ouvrent cependant la voie au traitement d’autres cancers.

Hugues de Thé est médecin chercheur, directeur du laboratoire Pathologie et virologie moléculaire (Université Paris Diderot / CNRS / Inserm), professeur de biologie moléculaire à à l’Université Paris VII, Diderot membre de l’académie des sciences depuis 2011. Hugues de Thé a reçu de nombreux prix pour ses recherches, notamment le prix de la coopération internationale scientifique et technologique avec la Chine, pour ses travaux sur l’arsenic.

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Ma bataille contre la Leucémie
  • Dans la nuit du 28 février au 1er mars 2014, à 44 ans, on m'annonce que je suis atteint d'une leucémie. La terre s'effondre ... quand est-ce que je me réveille ? ... Le diagnostic avalé, je me reprends: il faut se battre et montrer qui est le patron!
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